Rouge : Havre Caumartin
Aujourd'hui, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour l'observer ... d'ailleurs, c'est plutôt lui qui semblait m'analyser...
A HAVRE-CAU, nos rames sont arrivées à quai simultanément ; c'est classique, les passagers de l'une considèrent les voyageurs de l'autre comme des animaux curieux : à la fois proches (car l'espace entre les deux voies est généralement réduit ) et inoffensifs (2 vitres faisant office de séparation ).
C'est une situation que je n'aime pas trop : moi qui ai l'habitude de guetter mes "victimes", je ne sais plus - dans cette configuration - si je suis chasseresse ou gibier ...
Mon vis à vis, dans l'autre wagon, semblait être un original - et un agité ; son attitude particulière me
poussait à l'observer mine de rien, malgré la gêne que me causait cette
façon de faire ; visage mince en lame de couteau, front fuyant, yeux
légèrement exorbités, lèvres pincées - presque cruelles, il me fixait
sans vergogne, ni agressif ni bienveillant, un peu comme s'il étudiait
un spécimen d'insecte inconnu.
Puis il eut un curieux rictus et
commença à se passer les mains sur le visage, comme s'il se massait les
joues. A ma grande stupeur, ses mains étaient gainées de gants
chirurgicaux en latex blanc ...